[dropcaps type=’square’ color=’#ffffff’ background_color=’#91003e’ border_color= »]D[/dropcaps]epuis la plus haute Antiquité, le territoire de la commune de Venterol est occupé par l’homme : divers silex et autres pierres taillées témoignent de la présence de l’homme préhistorique. L’arrivée des Grecs (de Phocée) à Marseille vers 600 ans avant J.C., puis des Romains dans la Provincia, confère alors au territoire de Venterol une certaine importance. En effet, notre commune se trouve sur une voie de communication notable entre Vaison, Nyons et le Pégue (Pagus Aletanus) célèbre pour son oppidum.
La Pax Romana permet à cet espace de se développer. Les tuiles romaines, qui jonchent le sol dans de nombreux quartiers, nous permettent d’imaginer un espace agricole dynamique. La découverte, à la fin du XIXè siècle, d’une stèle représentant la déesse Hygie et de nombreuses pièces gallo-romaines du III et IVè siècles attestent de la présence d’un sanctuaire religieux à l’ouest du village de Novézan. La fin de l’Empire Romain plonge la région dans un période obscure, où les barbares succèdent aux barbares.
De ce chaos naît la société féodale. C’est en 1060 que le nom de Venterol apparaît pour la première fois, dans une charte : Venteriolum ; et en 1191 pour Novézan (Novaisano). En celte, le terme ven désigne une hauteur qui domine le paysage, un village perché. En latin nova, novus signifie nouveau, nouvelle et sanus, sain, en bonne santé. On peut penser à un lieu qui s’est peuplé tardivement et qui, par sa situation privilégiée, était à l’abri des maladies.
Au XIIè siècle, les seigneurs de Montauban couvrent leur territoire de châteaux et de donjons, c’est l’époque où les Baronnies connaissent une très grande indépendance vis-à-vis du pouvoir impérial. Le château de Venterol et le château Ratier sont alors construits.
Au XIVè siécle, Venterol est une frontière. Elle dépend du Dauphiné puis du royaume de France, alors que les communes voisines de Teyssiéres, Aubres, Rousset-les-vignes, Saint-Pantaléon et Valréas dépendent du pape ou du comte de Provence. Cette situation durera jusqu’en 1791 avec le rattachement du Comtat Venaissin à la France. S’ajoute la présence de l’ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (actuel Ordre de Malte), qui détient une commanderie à Novézan et des possessions autour de Venterol en lien avec le Poët-Laval. La présence d’une frontière implique des contraintes (corvée pour sa surveillance, zone directement touchée en cas de conflit) et des avantages liés au commerce — licite ou illicite.
Au XVIè siècle, les guerres de religions s’abattent sur le royaume, Venterol n’est pas épargnée. Entre 1562 et 1598, les combats, menés principalement par le baron des Adrets, Dupuy Montbrun, le comte de Suze et René de Gouvernet, furent particulièrement meurtriers. Les pillages, les massacres, et les destructions de récoltes sèment la misère parmi la population. Venterol étant, pour son malheur, à majorité catholique, alors que la ville de Nyons, sa puissante voisine, était calviniste.
Le XVIIè siècle fut une période d’apaisement jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, où la minorité protestante (20% de la population environ) dût vivre sa foi dans la clandestinité et la persécution. Certains Venterolais quittèrent la commune pour des cieux plus cléments (Suisse, Piémont, Hollande).
Les édifices publics sont réparés voire construits. Les églises de Venterol et de Novezan, la chapelle Sainte-Perpétue et le beffroi avec son campanile connaissent une nouvelle jeunesse.
Par contre le temple — construit à quelques arpents de Château Ratier sous le bon Roi Henri IV — sera totalement rasé.
Le XVIIIè siècle se caractérisent par deux dates.
- 1709 — Le gel du siècle détruit les oliviers, privant la population de son principal revenu : l’huile d’olive de Venterol était commercialisée par des voituriers jusqu’à Lyon.
- 1789 — La Révolution Française apporte un souffle de liberté (disparition des privilèges) mais aussi de l’insécurité, avec une vive agitation Contre- Révolutionnaire jusqu’en 1801.
Le XIXè siècle est une période de grands changements. Tout d’abord, au niveau agricole : on passe d’une agriculture essentiellement vivrière à une agriculture commerciale. L’élevage du ver à soie et la production de garance tinctoriale s’ajoutent à l’huile et au vin.
Sur la commune, on produit, vers 1860, un peu plus de 20 tonnes de cocons ! Les rendements augmentent et la population atteint un millier d’habitants au tournant du siècle.
À cela s’ajoute une amélioration notable des voies de communications. On n’est plus obligé de passer en charrette dans le lit de la Sauve — en cas de crue la route pouvait être coupée pendant plusieurs jours. En 1897, le train entre en gare de Venterol-Rousset, grâce à l’ouverture de la ligne Nyons-Pierrelatte.
Le XXè siècle commence par la terrible guerre de 1914-1918, durant laquelle trente jeunes Venterolais perdent la vie. Cette saignée va accentuer l’exode rural.
Le village, dans les années 30, découvre la fée électricité. Peu à peu, les fermes connaissent aussi ce confort moderne. Les activités sont toujours tournées vers l’agriculture. Cependant, l’industrie du cartonnage de Valréas emploie de nombreuses femmes à domicile.
La seconde guerre mondiale fit moins de victimes, mais marquera durablement les esprits. Le 25 août 1944, notre commune est libérée du joug nazi (en même temps que Paris) après 4 ans de peur et de privations.
Dans les années 50, la commune atteint péniblement les 400 habitants. Le gel des oliviers en 1956 bouleverse le monde agricole. Les exploitants doivent se tourner vers d’autres cultures (lavandes, maraîchage, arbres fruitiers). Le classement en zone d’appellation « Côtes du Rhône » favorise la viticulture, qui devient la principale culture. La mécanisation permet ce changement, et les chevaux et autres mulets disparaissent du paysage. L’élevage (ovin et caprin) disparait, sauf à la Combe de Sauve. L’abricotier connait son heure de gloire jusqu’à la crise de 1992.
Dans les années 60, la démocratisation de l’automobile permet de vivre sur la commune tout en travaillant ailleurs.
A l’aube du IIIè millénaire, 703 Venterolais sont en charge de l’histoire présente et future de notre commune. » show_quote_icon= »no » background_color= »#ffffff »]
André PELOUX, président de l’APAVEN
Bibliographie :
– TOESCA J. : Le canton de Nyons de 1789 à 1959 , Société d’Etudes Nyonsaises.
– OLLIVIER-ELLIOTT P. Les Baronnies , Edisud 2001.
– PELOUX A. Venterol en Provence 1800-1914 le Garde Note Baronniard 1997
– Terre D’Eygues, revue de la Société d’Etudes Nyonsaises.